Un peu d’histoire immédiate en parcourant les programmes des vingt-cinq éditions de notre festival. Le but initial de notre fondation, – « promouvoir la musique de J.S. Bach et d’autres compositeurs de son époque, découvrir de jeunes artistes spécialisés dans le style d’interprétation de la musique ancienne », – est, je crois, en toute modestie, largement atteint, – mission accomplie.

Cela à plusieurs égards : œuvres connues ou moins connues de Bach et d’autres compositeurs majeurs gravitant autour de lui, certaines programmées plus d’une fois, mais dans des interprétations fort différentes, illustrant la richesse et la diversité des courants d’interprétation baroque s’étant développés depuis les années 1960 ; découverte de compositeurs et d’œuvres peu connus du grand public ; invitation d’ensembles baroques parfois déjà consacrés, mais, pour beaucoup, de jeunes ensembles, promis à la célébrité.

Ainsi, en un quart de siècle, le public de notre région a probablement eu le privilège d’entendre à Lausanne les meilleurs interprètes de la scène baroque internationale, – orchestres, chœurs, solistes, – cela à travers une programmation chaque année musicalement cohérente, originale, inventive, parfois surprenante, dotée d’une solide colonne vertébrale, d’ailleurs promptement repérée par les artistes eux-mêmes au vu du nombre de propositions de concerts que nous recevons tout au long de l’année.

Lausanne serait-elle devenue en vingt-cinq ans un pôle d’excellence de la musique et de l’interprétation baroques, comme le laisse entendre la presse d’ici et d’ailleurs ? « Les festivals musicaux qui s’en tiennent durablement à leur ligne artistique ne sont pas légion. Ainsi méritent-ils notre attention surtout quand ils ont Johann Sebastian Bach en point de mire. » (Bach Magazin, Leipzig). « La liste des interprètes à cette manifestation est longue et merveilleuse. On y croise le gotha des musiciens les plus pertinents dans l’approche baroque de ce répertoire, sur instruments et dans le style d’époque. » (Le Matin Dimanche). « Le Festival Bach réussit au fil des ans à se profiler parmi les grands rendez-vous baroques d’Europe. » (Scènes Magazine).

Un festival sans décorum, cultivant la simplicité, avec la seule volonté de laisser toute la place à la musique pure et à ses interprètes. Une simplicité permettant d’abolir la distance parfois intimidante entre le public et les artistes, au vu des moments de dialogue se nouant souvent après le concert entre auditeurs et musiciens, – fugaces instants de merveilleuses rencontres.

Le bilan de ce quart de siècle d’existence répond à l’une des interrogations des fondateurs de ce festival : au sein de la très riche offre de concerts de notre région, un festival de musique ancienne centré sur J.S. Bach trouverait-il sa place, pourrait-il susciter l’intérêt du public ? Et la réponse, réjouissante, n’a pas tardé : dès notre première édition, en 1997, le public fut nombreux, croissant au fil des années, manifestant une vive curiosité pour découvrir chacune de nos programmations.

Difficile d’établir une hiérarchie dans l’expression de notre gratitude pour ces vingt-cinq ans de succès. Elle doit sans doute d’abord aller aux artistes eux-mêmes, ayant si souvent ému les auditeurs, parfois au bord des larmes. Reconnaissance à notre public, celui qui nous suit avec enthousiasme depuis notre première édition, puis celui qui nous a rejoints au cours du temps, dont une part croissante de « jeune public ». Reconnaissance à notre fondatrice et directrice artistique, l’organiste japonaise Kei Koito, et aux membres de notre Conseil de fondation pour leur inlassable et admirable engagement bénévole.

Je tiens aussi à remercier les Services de la culture de la Ville de Lausanne et du Canton de Vaud, ainsi que la Loterie Romande, ayant chaleureusement soutenu la création de ce festival, de même que nos partenaires, et tout particulièrement la RTS Espace 2 qui a enregistré nombre de nos concerts depuis 1997, – nos plus précieuses archives.

Reconnaissance enfin à l’extraordinaire générosité de nos très fidèles mécènes sans lesquels ce festival n’existerait tout simplement pas. Grâce à eux, notre Fondation dispose de finances solides, lui permettant d’envisager l’avenir avec sérénité. Grâce à eux, le public a la chance de pouvoir entendre, à des tarifs fort raisonnables, entre autres, l’œuvre, magnifiée par d’exceptionnels interprètes, de l’un des plus grands créateurs de tous les temps.

Jean-Marc Longchamp
Président du Conseil de fondation