Festival BACH de lausanne
Baroque Academy

Commentaire personnel

BACH : LES 6 MOTETS
Par Benoît Haller

Après avoir sondé l’œuvre de Heinrich Schütz, la Chapelle Rhénane s’est naturellement orientée vers la musique de Johann Sebastian Bach. Fondé en 2001 à Strasbourg, l’ensemble a commencé par aborder certaines cantates et quelques motets isolément, avant de se concentrer son travail d’interprétation à la Passion selon St-Jean en 2008, consacrant un album discographique à cette œuvre en 2012. Depuis, la Chapelle Rhénane n’a cessé de proposer sa vision singulière des oratorios de Bach (les deux Passions, l’Oratorio de Noël et la Messe en Si mineur) sur toutes les grandes scènes d’Europe. Un parcours qui culmina en 2018 avec une Passion selon St-Matthieu à la Thomaskirche de Leipzig dans le cadre du prestigieux « Bachfest ».

Dans le répertoire polyphonique, les motets de Bach tiennent une place à part : ils constituent un sommet dans l’utilisation du contrepoint, combiné à une écriture polychorale sans précédent dans l’histoire de la musique. Leur redoutable difficulté, à l’image de celle de la Messe en Si mineur, les réserve aux meilleurs ensembles vocaux. Mais au-delà de ces caractéristiques abstraites, ils constituent surtout un ensemble d’une phénoménale variété, une avalanche émotionnelle et sonore : synthèse entre la polyphonie de la Renaissance et le style baroque, ce n’est jamais un discours monolithique, mais au contraire un dialogue infini entre les deux chœurs qui s’établit. Fidèle à sa démarche d’ensemble de solistes, la Chapelle Rhénane entend proposer une écoute qui – sans renoncer à la virtuosité – s’appuie sans cesse sur la musique pour déclamer le texte de la manière la plus naturelle et la plus organique qui soit.

Ce parti pris artistique passe par le rejet d’une accentuation tonique systématique au profit d’une mise en valeur du mot dont la musique souligne elle-même l’importance ; la recherche d’une articulation qui ne tronçonne pas la musique mais au contraire permet l’émergence d’un réel phrasé ; un souci permanent de flexibilité grâce à l’utilisation de l’agogique – la souplesse du tempo ; la mise à profit du phrasé pour structurer le mouvement ; une interprétation basée sur l’énergie de l’expérimentation et une authentique émotion, et non sur une quelconque recherche de validité historique.

Conformément à l’esprit du travail de la Chapelle Rhénane expérimenté dans les œuvres du premier baroque dont ces motets sont les descendants naturels, il fallait permettre à chacun des chanteurs de porter son engagement individuel au plus haut. Ainsi, ils constituent tous ensemble le chœur, et remplissent également à tour de rôle la fonction de soliste. Là aussi, il ne s’agissait pas tant de se conformer à une pratique présumée authentique, que de permettre l’émergence d’une équipe soudée, d’un son cohérent, brillant, corporel et clair. La prise de conscience de toute l’équipe que dans la musique de Bach, la perfection technique et l’idée musicale juste ne peuvent être atteintes que conjointement fait que la seule exigence musicale est vaine, tout comme est inutile un quelconque conseil purement technique.

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